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Airbus fuit Microsoft, Google et Amazon pour ses données sensibles
Publié le 20/12/25 à 06h45
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L'avionneur européen s'apprête à lancer un appel d'offres majeur pour migrer ses systèmes les plus sensibles hors de Microsoft, AWS et Google vers une infrastructure cloud souveraine. Mais trouver un prestataire européen à la hauteur reste un pari incertain.
Airbus cherche à s'affranchir des géants américains du cloud pour héberger ses données les plus sensibles sur des infrastructures européennes souveraines. © Mamun Sheikh
Airbus connaît bien les géants américains du cloud. Le constructeur utilise Google Workspace pour sa bureautique depuis une migration laborieuse, et s'appuie sur AWS depuis 2018 pour une plateforme cloud publique en architecture Serverless. Pourtant, l'avionneur européen franchit aujourd'hui une nouvelle étape dans sa quête d'autonomie numérique : transférer ses applications les plus névralgiques vers une plateforme cloud européenne. On parle ici de planification des ressources, de systèmes d'exécution manufacturière, de gestion de la relation client et même de conception d'aéronefs.
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Quand la géopolitique bouleverse les choix technologiques
Catherine Jestin, vice-présidente exécutive du numérique chez Airbus, ne mâche pas ses mots : “J'ai besoin d'un cloud souverain parce qu'une partie de l'information est extrêmement sensible d'un point de vue national et européen. Nous voulons nous assurer que cette information reste sous contrôle européen.” L'appel d'offres sera lancé début janvier pour une décision avant l'été. Le contrat pourrait dépasser les 50 millions d'euros sur une durée de dix ans.
De la conception des A320 aux systèmes de production : Airbus veut rapatrier ses applications critiques sur un cloud européen pour échapper au CLOUD Act américain. © Shuttershock
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Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier a rebattu les cartes. Ses orientations politiques ont créé une volatilité commerciale et diplomatique qui pousse les entreprises européennes à réduire leur dépendance aux fournisseurs américains. La menace porte un nom : le CLOUD Act, cette législation qui permet aux autorités américaines d'exiger l'accès aux données détenues par les corporations américaines, y compris dans leurs centres de données européens.
Microsoft a d'ailleurs reconnu, en juillet dernier, et devant un tribunal français, son incapacité à garantir la souveraineté des données sous cette législation. L'affaire Karim Khan en dit long : le procureur en chef de la Cour pénale internationale aurait perdu l'accès à sa messagerie Microsoft après avoir été sanctionné par Trump pour ses critiques envers Benjamin Netanyahu. Microsoft conteste avoir suspendu les services de la CPI, mais le doute persiste.
Entre fiabilité technique et exigences souveraines
Les pannes massives des clouds américains alimentent aussi les inquiétudes. En octobre 2025, AWS a connu une panne de plus de 15 heures dans sa région US-EAST-1, paralysant Slack, Snapchat et des dizaines d'autres services. Fin novembre, c'est Airbus lui-même qui a dû rappeler en urgence 6000 avions A320 pour corriger un problème logiciel lié aux radiations solaires, une crise qui a cloué au sol des centaines d'appareils pendant le week-end de Thanksgiving. Ces incidents rappellent la fragilité des infrastructures numériques, même chez les acteurs les plus robustes.
Mais Jestin ne se fait guère d'illusions sur la maturité des prestataires européens. “Si vous me demandiez aujourd'hui si nous allons trouver une solution, je dirais 80/20”, dit-elle. Cette franchise met les acteurs européens face à leurs responsabilités : collaborer pour atteindre l'échelle critique, sans dépasser les délais qu'Airbus peut se permettre.
Il faut dire que les éditeurs comme SAP poussent à la roue. Leurs nouvelles fonctionnalités ne sortent plus que dans le cloud. Airbus doit donc choisir, et vite : soit accepter les risques américains pour accéder aux dernières innovations, soit parier sur des solutions européennes qui peinent encore à faire leurs preuves. Un dilemme qui résume bien l'impasse dans laquelle se trouve le Vieux Continent, tiraillé entre ses ambitions d'indépendance et la réalité du marché.
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