Commission d’enquête sur l’audiovisuel public : le vif rappel à l’ordre de Yaël Braun-Pivet contre Charles Alloncle

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La présidente de l’Assemblée nationale exècre que l’image de l’institution soit dévoyée et ne manque pas de le faire savoir lorsqu’elle l’estime nécessaire. Dernier exemple en date : la commission d’enquête sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public, présidée par le député Horizons Jérémie Patrier-Leitus et dont le député ciottiste Charles Alloncle en est le rapporteur.

C’est le second qui est tout particulièrement visé par Yaël Braun-Pivet. Invitée ce mardi matin sur France Inter, elle a clairement rappelé à l’ordre le rapporteur Charles Alloncle. « Parfois les commissions d’enquête peuvent être dévoyées à des fins politiques, explique-t-elle. Il faut faire attention parce que c’est un formidable outil de contrôle du Parlement sur l’action des pouvoirs publics. »

Depuis plusieurs semaines, certains soupçonnent les députés d’extrême droite de chercher à dévoyer l’objet de la commission d’enquête pour défendre la privatisation de France Télévisions. Charles Alloncle a d’ailleurs d’ores et déjà promis des « pistes radicales » pour son rapport final, attendu pour le printemps prochain.

Un appel à la retenue

Yaël Braun-Pivet a donc décidé d’agir, en transmettant un courrier au rapporteur. Sa liste de reproches est longue puisque, selon nos informations, le quatrième personnage de l’État pointe des « incidents d’une fréquence et d’une ampleur inédites ».

Avec, dans la liste des griefs, des informations par voie de presse de convocation de personnes avant même qu’elles n’en aient été elles-mêmes averties, des rappels à l’ordre répétés du président envers son rapporteur, une immixtion des réseaux sociaux dans les débats, ou même des échanges d’invectives.

Les accusations sont donc plutôt lourdes et illustrent le degré de tensions qui animent cette commission d’enquête. « Je ne peux qu’en appeler à votre vigilance et insister sur la nécessité, notamment durant les travaux de la commission d’enquête, de faire preuve de retenue dans vos prises de position et vos expressions publiques, en particulier sur les réseaux sociaux et tout particulièrement durant les auditions », poursuit Yaël Braun-Pivet dans son courrier.

« Une présidente de l’Assemblée nationale ne devrait pas dire ça »

Largement soutenu par ses collègues de l’UDR et du Rassemblement national, Charles Alloncle a rapidement réagi sur les réseaux sociaux. « Une présidente de l’Assemblée nationale ne devrait pas dire ça, peut-on lire. Malgré les pressions, d’où qu’elles viennent, y compris de ceux qui ont pour responsabilité de protéger nos institutions et de garantir l’indépendance et les pouvoirs de contrôle des commissions d’enquête, je mènerai ma mission jusqu’au bout, sans faillir et sans céder à la moindre intimidation. »

De son côté, le président de l’UDR, Éric Ciotti, a vilipendé une « dangereuse immixtion » de la présidente de l’Assemblée nationale dans ces travaux parlementaires, qui sortirait « totalement de son rôle ». La commission d’enquête parlementaire a procédé à une dizaine d’auditions depuis sa création, entendant notamment la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte.

Au cours des travaux, Charles Alloncle a déjà été pointé pour certaines approximations, notamment lorsqu’il avait évoqué 126 000 euros de frais de cocktails quotidien dans l’entreprise, pour dénoncer une « gabegie ». Il avait, pour se justifier, cité un rapport de la Cour des comptes qui n’a en réalité jamais évoqué un tel chiffre. Une fake news avancée plus tôt sur le plateau de BFMTV par Charles Consigny, démentie notamment par l’AFP qui avait corrigé ce chiffre. Les « frais de réception et achats alimentaires (qui incluent notamment les boissons) » n’auraient représenté « que » 3,2 millions d’euros en 2024.

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