Dossier : Chantage sexuel : comment les deepfakes et l’IA piègent les victimes

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Publié le 20/12/25 à 14h00

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 comment les deepfakes et l’IA piègent les victimes

© Pexels - L'intelligence artificielle simplifie les faits de chantage sexuel en ligne.

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Le chantage sexuel en ligne entre dans une nouvelle ère. Grâce à l’IA et aux deepfakes, des escrocs peuvent fabriquer de faux contenus ultra-réalistes pour menacer, manipuler et extorquer leurs victimes.

La sextorsion désigne une forme de chantage qui repose sur la menace de diffusion de contenus sexuels, réels ou supposés, afin d’obtenir le plus souvent de l'argent. Ces actes sont opérés par des escrocs, fréquemment surnommés “brouteurs” dans le jargon d'Internet et généralement situés en dehors de la France.

Si la pratique s'est longuement cantonnée à des photos ou vidéos réellement dérobées, elle a pris une nouvelle ampleur avec l’essor de l’IA générative et des deepfakes, capables de produire en quelques minutes des images et sextapes très réalistes à partir de simples photos publiques. Zoom sur le chantage sexuel assisté par IA.

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Dans sa forme traditionnelle, la sextorsion débute par un contact initial sur les réseaux sociaux ou une plateforme de rencontre en ligne. L'escroc utilise alors un faux profil et tente d'instaurer une relation de confiance aux teintes de séduction. Son objectif consiste à récupérer des images ou vidéos intimes, volontairement envoyées par la victime ou captées à son insu.

Le chantage peut alors commencer… Menace de diffusion auprès des proches, sur les réseaux sociaux ou dans la sphère professionnelle. La pression repose sur des mécanismes psychologiques puissants : la honte et la peur du regard social conduisent la victime à payer la somme demandée pour effacer ces vidéos.

Deepfakes : quand l’IA fabrique de faux contenus crédibles

Un deepfake consiste en un contenu — image, vidéo ou audio — généré ou altéré par l'IA générative, capable d'imiter de façon crédible le visage, la voix ou les expressions d'une personne réelle. Contrairement à une image simplement retouchée (sur Photoshop, par exemple) ou une vidéo modifiée par un montage classique, le deepfake repose sur des modèles d'apprentissage qui recréent entièrement des traits, mouvements et synchronisations labiales à partir des données existantes.

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Chantage ia deepfake

Un témoignage de chantage sexuel avec un deepfake.

© Reddit (capture d'écran)

Ce témoignage publié sur le forum de discussion en ligne Reddit illustre les faits.

“Un de mes amis, qui vit actuellement en Nouvelle-Zélande, a été suivi sur Instagram par ce qu’il pensait être une fille, qui l’a ensuite ajouté sur Snapchat. Là, il a échangé quelques snaps de son visage et, d’après lui, il n’a reçu en retour qu’un snap noir et un snap du visage d’une fille.

Pour une raison que je ne comprends pas, il a ensuite décidé d’échanger son numéro de téléphone avec cette ‘fille’. C’est à ce moment-là qu’il a reçu des deepfakes de lui-même, le montrant dans des situations sexuelles.

La personne a alors commencé à le menacer d’envoyer ces deepfakes aux abonnés Instagram de mon ami s’il ne payait pas, en exigeant des cartes-cadeaux Steam, Amazon et Apple. Mon ami a évidemment paniqué et a commencé à coopérer. Au final, il a envoyé environ 100 € en cartes-cadeaux à l’escroc.”

Hélas, cette technologie se veut de plus en plus accessible au grand public. Citons par exemple l'IA Sora d'OpenAI qui autorise délibérément les deepfakes et permet de produire des contenus très réalistes sans compétences techniques.

L'IA a simplifié le “travail” des brouteurs

Avec l'IA générative, la sextorsion franchit un cap majeur. Effectivement, les brouteurs n'ont plus besoin de contenus réels pour faire pression. Un deepfake à caractère sexuel peut être créé à partir de simples photos publiques, donnant naissance à des vidéos montrant une personne dans une situation intime totalement fictive, mais visuellement crédible.

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Témoignage sextorsion IA

Un témoignage de sextorsion par IA.

© Reddit (capture d'écran)

En guise d'exemple, voici le témoignage d'un internaute livré dans le forum de discussion en ligne Reddit.

“Mon petit ami est au Canada depuis presque un mois pour des vacances. Hier soir, quelqu’un l’a contacté sur Facebook, a obtenu son numéro, puis a commencé à lui extorquer de l’argent en le menaçant d’envoyer des vidéos générées par IA de lui à tous ses contacts. Il est extrêmement inquiet, n’a pas pu dormir. Il a commis deux erreurs : d’abord, il n’a pas bloqué l’escroc immédiatement ; ensuite, il a envoyé une capture d’écran laissant accroire qu’il allait payer. Je pense que ce dernier point a simplement donné de l’espoir à l’arnaqueur, qui s’est dit qu’il tenait une bonne victime.”

Bien que la plupart des outils publics ne permettent pas de fabriquer ce type de contenu pornographique, les escrocs contournent cette limitation en hébergeant eux-mêmes les modèles d'IA. Ils fournissent alors à ces IA auto-hébergées des photos téléchargées depuis le compte Facebook ou Instagram de leur victime et génèrent les vidéos qui serviront à demander la rançon.

Que faire en cas de chantage sexuel en ligne ?

Si vous êtes victime d'une sextorsion, il convient de porter plainte et d'appliquer les recommandations publiées sur la plateforme gouvernementale Cybermalveillance.

  • 1. Couper tout contact : ne plus répondre, bloquer l’escroc partout.
  • 2. Ne rien envoyer : aucune photo/vidéo supplémentaire, sous aucun prétexte.
  • 3. Ne pas payer : le chantage continue souvent, même après le paiement.
  • 4. Sécuriser les comptes : renforcer les paramètres de confidentialité, limiter l’accès aux contacts.
  • 5. Garder les preuves : messages, captures, profils, liens.
  • 6. Porter plainte : police/gendarmerie ou en ligne (THESEE).
  • 7. Alerter ses contacts : prévenir discrètement, ne rien ouvrir ni répondre.
  • 8. Faire retirer les contenus : signaler les contenus concernés aux plateformes sociales (X, Facebook, Tiktok, etc.), puis la CNIL si besoin est.

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