Top 14 : «Les doublons, c’est une vraie chance de nous montrer», Raphaël Portat, prêté en Pro D2, raconte sa parenthèse au Stade Toulousain

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ENTRETIEN - Prêté cette saison par le club champion de France à Provence Rugby, à l’étage inférieur, le jeune deuxième-ligne a profité de la tournée d’automne du XV de France pour être rappelé trois semaines et s’exprimer en Top 14. Il partage son expérience au Figaro.

Souvent perçues comme une contrainte pour les clubs de Top 14, les périodes de doublons peuvent permettre aux jeunes joueurs de s’exprimer et de devenir un accélérateur de carrière. Raphaël Portat en a fait l’expérience en novembre dernier. Prêté à Provence Rugby en Pro D2 pour gagner du temps de jeu et s’aguerrir, le jeune deuxième-ligne (22 ans) a été rappelé par le Stade Toulousain lors de la tournée de l’équipe de France. Il est alors entré en jeu face au Stade Français puis contre Montauban, incarnant cette jeune génération propulsée sur le devant de la scène lorsque les internationaux sont absents, avant de retourner dans son club aixois.

LE FIGARO - Quand les équipes nationales jouent et que le Top 14 continue, cela provoque les fameux doublons. Concrètement, pour un joueur comme vous, qu’est-ce que ça change dans votre carrière ?

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Raphaël PORTAT - Les périodes de doublons libèrent forcément des places. Pour des joueurs plus jeunes, moins expérimentés ou des joueurs prêtés comme moi, ça permet de gratter du temps de jeu en Top 14. C’est une vraie opportunité. Ce sont aussi des moments où l’équipe est un peu différente, avec une motivation très forte, ce qui donne souvent des matchs intéressants à jouer.

Cette saison, vous avez été rappelé par le Stade Toulousain pendant la période des doublons, alors que vous étiez prêté à Provence Rugby. Comment avez-vous vécu ce retour un peu particulier dans votre club formateur ?

Je l’ai vraiment vécu comme une chance. Le prêt à Provence est super, parce que ça me permet d’enchaîner les feuilles de match et d’avoir du temps de jeu. Mais revenir au Stade Toulousain pendant les doublons, c’était aussi une très belle opportunité de rejouer avec le club, de retrouver des coéquipiers et un système de jeu que je connaissais déjà. Franchement, c’était une vraie chance.

Est-ce compliqué de jongler entre deux projets sportifs assez différents, avec des attentes qui ne sont pas les mêmes, à Toulouse et à Provence ? 

Non pas vraiment, parce qu’on est mis dans de très bonnes conditions. Le staff et les joueurs nous aident beaucoup, notamment pour revoir les combinaisons ou les touches. Ça limite la pression. Et puis, c’était un système de jeu que je connaissais bien et que je n’avais pas quitté depuis longtemps. L’adaptation s’est donc faite assez naturellement.

Provence Rugby est une équipe de Pro D2 avec de grosses ambitions. Les entraînements y sont déjà très costauds et l’effectif est de qualité. Évidemment, Toulouse représente le plus haut niveau en France, mais je ne dirais pas qu’il y a une différence énorme au quotidien. Passer la publicité

Les doublons sont souvent vus comme une contrainte pour les clubs. Pour vous c’est plus une opportunité de vous montrer au niveau supérieur ?

Oui, complètement. L’absence des cadres partis en sélection nous permet d’avoir du temps de jeu, de nous exprimer et de montrer ce qu’on sait faire et ce qu’on vaut. C’est clairement une vraie opportunité à saisir.

Quand vous passez d’un club de Pro D2 à un club de Top 14, est-ce que vous ressentez une vraie différence au niveau de l’entraînement ou de l’exigence ? 

Honnêtement, Provence Rugby est une équipe de Pro D2 avec de grosses ambitions. Les entraînements y sont déjà très costauds et l’effectif est de qualité. Évidemment, Toulouse représente le plus haut niveau en France, mais je ne dirais pas qu’il y a une différence énorme au quotidien.

Quand vous arrivez dans un effectif privé de ses internationaux, est-ce que vous ressentez davantage de responsabilité sur le terrain ? 

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Non, pas spécialement. En deuxième ligne, les rôles et les taches sont assez clairs et précis. Je me concentre sur ce que j’ai à faire, en essayant de le faire le mieux possible et d’y mettre beaucoup d’énergie. Je ne ressens pas de responsabilité supplémentaire.

J’essaie de voir ces périodes comme une chance de m’exprimer, pas comme une pression supplémentaire

Raphaël Portat

Est-ce que ces périodes vous donnent l’impression de jouer «votre carte» plus vite, presque sous pression, parce que le temps est compté ? 

Je ne le vois pas comme ça. Penser comme ça pourrait amener une pression négative. J’essaie plutôt de profiter, de m’exprimer et de montrer ce que je travaille au quotidien. Le plus important, c’est de prendre du plaisir, parce que c’est souvent ce qui amène les bonnes performances. J’essaie de ne pas trop penser à cette pression pour ne pas déjouer ou me remplir la tête de mauvaises ondes.

Les périodes de doublons accentuent-elles les écarts entre les équipes ? 

Je ne sais pas si elles creusent vraiment des écarts. En Top 14, les effectifs sont très fournis et de qualité. Une équipe comme le Stade Toulousain peut performer, même pendant les doublons, grâce à son centre de formation et à des jeunes très motivés. L’absence des internationaux change forcément certaines choses, mais le niveau reste très élevé parce que tout le monde a très envie de jouer ces matchs-là.

«J’essaie de ne pas trop me projeter»

À titre personnel, voyez-vous ces périodes comme un tremplin pour la suite de votre carrière ? 

J’essaie de ne pas trop me projeter. Je préfère me concentrer sur l’instant présent, profiter de la chance de jouer avec le Stade Toulousain et vivre pleinement ces moments. Si je prends du plaisir et que je ne regrette rien, la suite devrait être positive.

Est-ce que ce passage vous a rendu plus confiant en vue de votre retour de prêt au Stade Toulousain ? 

Oui, forcément. Jouer au Stade Toulousain apporte de la confiance, mais jouer avec Provence aussi, parce que ce sont deux niveaux professionnels. C’est la première saison où j’enchaîne autant de feuilles de match (9, dont 1 titularisation, NDLR). Match après match, je me sens plus à l’aise, je comprends mieux le jeu et j’arrive à m’adapter. Je pense que tout ça ne peut être bénéfique pour la suite.

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