« Evidemment qu’on est super contents de finir notre tournée 2025 à Brest ! ». Comme un retour au bercail pour les fêtes, les musiciens bretons du collectif devenu groupe de post-rock Astéréotypie font ce vendredi soir une dernière escale à la Carène, à Brest (Finistère).
Ce projet pas comme les autres, né d’un atelier d’écriture initié par le musicien et ancien éducateur, longtemps relayé au second plan sur les grandes scènes françaises, explose littéralement depuis 2022.
« Tout a démarré en 2012 au sein d’un Institut médico-éducatif des Hauts-de-Seine, quand j’étais encore éducateur et travaillais avec des jeunes souffrant de troubles du spectre autistique », glisse le fondateur du projet et guitariste Christophe L’Huillier.
Thèmes insolites, paroles atypiques et phrasés lunaires…
« Avec ma collègue Claire Mahé, nous avons initié des ateliers d’écriture et de poésie auxquels sont venus se greffer des instruments de musique. J’ai vu que les jeunes et notamment Yohann Goetzmann (NDLR : l’un des quatre actuels chanteurs) avaient un chant, des textes et une assurance hors norme ! ».
Thèmes insolites, parole atypiques et phrasé lunaires, Astéréotypie a changé de forme et pris un premier envol dès 2013, avec la rencontre d’une partie des membres de Moriarty, dont Arthur B. Gillette, - cofondateur de Moriarty, Mick Strauss - également à la guitare, qui intègrent puis soutiennent rapidement le projet.
« Même si des gens ont cru en nous, comme le festival Sonic Protest où on a eu la chance de partager la même scène que des membres de Fugazi ou de Godspeed You Black Emperor, on a connu par la suite une longue période de flottement, glisse ce dernier. On a fait la première partie de Moriarty à l’Olympia en 2015 également, je nous ai fait signer sur notre label, Air Rytmo, et on a sorti un premier disque, « L’énergie positive des Dieux ». J’étais persuadé que vu la qualité et l’originalité du projet, ça allait exploser… Mais non ! On a souvent été relayés sur des scènes liées au handicap, et pas considérés comme un vrai groupe, au même titre que les autres ».
En a même résulté une édition des Eurockéennes de Belfort où les huit membres d’Astéréotypie, se sont retrouvés à chanter « dans un bar tenu par des sourds-muets, entre deux scènes officielles où ça jouait en même temps… ».
Un tournant en 2022
Mais le vent a fini par tourner. Après une longue période de creux marquée, forcément, par le Covid, les quatre musiciens professionnels et les quatre chanteurs atypiques se démènent et creusent un nouveau sillon dans la mouvance de l’ « art brut » et sortent, en 2022 « Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme », un album qui défraie la chronique et qui vient épauler les vidéos, désormais, du Papotin. Les interviews décalées et pétillantes, de la chanteuse Claire Ottaway, notamment, font un carton et, concours de circonstances, remettent le « crew » Astéréotypie sur le devant de la scène.
« Cet album, comme le nouveau, « Patami » (2024), ont aussi été enregistrés dans le Finistère, glisse Arthur B. Gillette, et par un autre finistérien, Julien Le Du. C’est un peu notre neuvième membre du groupe ».
Car la bande compte, outre Claire Ottaway (chant), Yohann Goetzmann (chant) et, bien sûr, l’inénarrable Stanislas Carmont (chant), quatre Bretons. « Je suis basé à Douarnenez depuis 2017, glisse Arthur B. Gillette, Benoît Guivarch (clavier et synthétiseur) vient d’Audierne, Christophe L’Huillier de Brest et Aurélien, le dernier chanteur, vient des Côtes-d’Armor ! ».
Le Bataclan, la Cigale, Les Vieilles Charrues, Rock en Seine…
D’où ce grand retour en terres bretonnes pour bien clôturer l’année, après une tournée où Astéréotypie a affiché complet presque partout, du Bataclan à la Cigale en passant de gros festivals comme Les Vieilles Charrues, Rock en Seine ou Les Transmusicales.
« Revenir jouer dans le Finistère, où nous avions déjà joué en 2019 sur la scène nationale du Quartz dans le cadre du Festival Invisible, c’est toujours génial, glissent les musiciens. On sait qu’il y a quelque chose dans nos textes. Un regard un peu distancié sur soi-même qui ne se prend pas au sérieux et qui touche notre public, ici ».
Et Arthur de conclure avec humour. « Les concerts (30 dates max par an) ne se ressemblent jamais ! Moi j’adore regarder le visage des gens qui découvrent le groupe, ça me fait marrer. Tous ne comprennent pas tout, surtout en festival. En même temps, pour un public non averti, des paroles qui parlent de sentir ses chaussettes ou d’aller à Hippopotamus, c’est normal que ça puisse surprendre ! ».




