La viticulture française connaît une zone de turbulence, mais porte en elle les germes d’un renouveau prometteur. Si la consommation évolue et les volumes reculent, une dynamique nouvelle se dessine. Les jeunes générations veulent de la transparence, des vins plus légers, et des histoires authentiques. Et la France a un atout incomparable : la diversité de ses terroirs et le savoir-faire de milliers de vignerons qui innovent déjà : Bio, sans soufre, vins doux, sans sucre, faibles degrés, cuvées plus accessibles, œnotourisme repensé, etc. Si la filière continue à s’adapter, à écouter les attentes et à valoriser ses forces, la viticulture française peut rebondir, et redevenir aussi un moteur culturel et économique. Le vin change et l’avenir reste ouvert.
Le 13 octobre, à Saint-Nazaire, un balthazar de champagne Telmont jeté contre la coque du Neoliner Origin baptisait le voilier prêt à lever l’ancre pour les États-Unis. Le 30, après quinze jours de navigation "au pré", le roulier futuriste de 136 mètres et 3 000 mètres carrés de voiles rigides déchargeait à Baltimore, au milieu d’engins Manitou et de yachts Beneteau, 11 000 flacons Telmont, vingt conteneurs de cognac Hennessy et plusieurs autres de la marque Rémy-Martin.
80 % d’émissions de CO2 en moins
Hennessy a signé avec la société Neoline pour 4 millions de bouteilles par an, soit 5 % de ses volumes mondiaux. C’est à la fois "un retour aux origines" pour la maison, dont les premières expéditions maritimes aux États-Unis remontent à 1794, et une "innovation" environnementale et logistique. En effet, le mode vélique apparaît beaucoup plus écologique que le porte-conteneurs conventionnel : "80 % d’émissions de CO2 en moins", affirme le transporteur. Une promesse qui convainc de plus en plus les marques de vins et de spiritueux, malgré un coût "actuellement deux fois supérieur", concède Jean Zanuttini, l’ancien marin président de Neoline. Heureusement, les nouveaux pionniers du fret à la voile sont moins regardants sur le prix que sur le dioxyde de carbone – dans une certaine mesure.
La compagnie TransOceanic Wind Transport (Towt) opère depuis l’été 2024 deux voiliers transatlantiques, de Fécamp à New-York, les cales remplies de caisses Pernod-Ricard – déjà un million de bouteilles transbordées : Martell, G.H.Mumm, Perrier-Jouët, Lillet… L’Anémos et l’Artemis présentent "un bilan carbone imbattable à moins de 2 g. de CO2/tonne/km" selon le fondateur de Towt, Guillaume Le Grand.
Un peu moins rapide que les cargos Towt, qui avancent "au portant", Neoliner Origin offre en revanche une capacité quatre fois supérieure de 5 300 tonnes en conteneurs, et non en palettes. "Il faut de gros volumes pour changer la donne à grande échelle", estime Ludovic du Plessis, président de Telmont. Le champagne préféré de l’acteur écolo Leonardo DiCaprio (co-actionnaire avec Rémy-Cointreau) avait déjà renoncé au fret aérien, allégé sa bouteille, supprimé les coffrets…
Des bulles "carbone neutre"
Les bulles Drappier, déjà "carbone neutre", voyagent aussi avec Towt. "Il y a parfois quelques cartons déformés, mais l’inconvénient est bien mineur au regard des enjeux climatiques", balaye Michel Drappier. Cependant, les taxes Trump et le cours du dollar défavorable, ajoutés au surcoût "d’un euro par bouteille" pour la traversée vélique, ont eu raison du projet de servir ainsi l’ensemble du marché américain : la maison auboise limite donc ce transport "aux clients motivés" prêts à payer la croisière. Même frustration chez le Bourguignon Joseph Drouhin : "L’opération contrôlée avec des mouchards de température sur les premiers voyages apparaît en tout point satisfaisante, mais l’équation économique se révèle trop complexe pour l’instant", confie Frédéric Drouhin.
Néanmoins, la multiplication des navires et des armateurs le rend "optimiste" sur l’avenir du fret au carburant éolien. Towt vient de commander six nouveaux bateaux et Neoline en construit un deuuxième. Sans oublier le trimaran Vela du navigateur François Gabart (société Sail for Good), mis à l’eau l’année prochaine.

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